Dans le magnifique cadre de l'Académie du Bois Joli de Voiron du 8 au 24 Octobre nous retrouverons Philippe PECh pour une nouvelle exposition de ses oeuvres (Peintures et Sculptures)

En chemin sur la route qu'il s'est tracé (depuis plusieurs années déjà) il nous fait part, à cette occasion, de ses réflexions quant à la nécessaire épaisseur du temps dans le cheminement artistique.

Après " ENFIN SEULS", sa dernière exposition au cloitre de la Condamine de Corenc, Philippe nous propose aujourd'hui de le rencontrer au travers d'un titre d'exposition "PENDANT CE TEMPS IL PSALMODIAIT " tout aussi évocateur.

Le geste artistique n'est il pas lié, en effet, à la répétition d'actes inlassablement renouvelés afin que s'installe, lentement la petite musique du silence ? Litanie qui peu à peu libère le corps et ouvre l'esprit ...

C'est ainsi qu'il entend son travail et que plus particulièrement sont nées ses dernières oeuvres.

Tel un scribe ritualiste il a patiemment sculpté puis peint une trentaine de tablettes de tilleul, signe après signe, geste après geste, les prenant une à une, les posant puis les reprenant encore et encore jusqu'à ce que l'œuvre naisse et s'impose.

Articulation entre la peinture et la sculpture ces oeuvres, résolument non figuratives, nous parlent d'une modernité qui puise ces racines aux tréfonds de l'âme humaine.

 

Parallèlement à ce travail Philippe PECH exposera également ses sculptures où se côtoient en un juste équilibre le Bois, la Pierre, le Verre et le Polyester.

Septembre 1999

 

"PENDANT CE TEMPS IL PSALMODIAIT …"

 

est le titre d'une exposition

 

"Quand l'image déteint" était celui d'une exposition à la galerie Evelyne GUICHARD, introduite par cette citation de Max JACOB :"C'est au moment où l'on triche pour le beau que l'on est artiste"…

Philippe PECH, tu aimes intriguer, provoquer même. Et tu l'annonces encore sur ton carton d'invitation, présentant cette exposition comme une œuvre complète,"posthume", en notant tes dates de naissance et de"décès" : 1957 – 1999 … alors que tu es bien en vie, ce soir, parmi nous.

Bref, tu aimes l'insolite !

Et ton œuvre plastique, modelée dans le bois, le cuivre ou dans toute autre matière est avant tout langage, interpellation,"un jeu entre auteur et public", perpétuellement.

Jeu porteur de signification, de réflexion sur la vie, question sur ce "pourquoi nous sommes sur cette fichue terre", comment chacun, toi en l'occurrence, fait avancer le schimblic".

Tout te sert de langage, de la gamme de la provoc au jeu de la subtilité.

Discrètement, l'air de rien, chez toi, la répétition se fait langage: une forme en séries, répétée, le format même du tableau, aux dimensions reprises d'un tableau à l'autre, en regards, signifie.

Chaque signe, par répétition, signifie le semblable et sa différence, le respect de l'unique, dans sa ressemblance, le respect de l'être, de l'humain, de l'universel dans sa propre identité et son contraire à lui opposé.

Tout marque l'importance du multiple, repris à l'infini, gage de patience, d'obstination, d'espérance en cette progression de l'être et du monde vers un lointain toujours à trouver, vers lequel tendre toujours.

Et c'est dans le souffle du labeur, prière mainte et mainte fois répétée que tu "psalmodies" en bleu en vert, en couleur nickel et bois brûlé, pour nous, pour les autres, pour la famille des humains avec qui tu converses, pour la famille des œuvres que tu crée.

Un coup de gouge, un coup de ciseau, de scie, puis ponçage et cirage, vernissage et le geste crée et régénère le souffle.

Le souffle…, fragilité de l'être, de l'œuvre, et puissance éphémère, impalpable… mais dont tu nous donnes trace vigoureuse, volumineuse en ces constructions qui semblent jaillir de terre, dans un élan de genèse irrésistible, poussées par le magma et la sève, en équilibre palpitant et lourd, entre ciel et terre.

Ces constructions se posent et s'envolent. Elles se lovent comme une flamme bleue et verte qui se torsade.. sur le bois poli, soigneusement. Elles se drapent, en leur base, de plissé blanc, largement ourlé, mollesse soutenant fermement la raideur du granit, dressé…

Eloge des contraires. Goût du lisse et de la rugosité, du brut et du poli, du plein et de sa déchirure, de la masse et de la légèreté, de l'éphémère et du robuste.

Et dans ce jeu incessant de dire et de dédire, de faire et de défaire en son contraire, tu exprimes la complexité de la vie, cet équilibre fragile qui joue la vie, la mort, la parole et le silence, la masse et l'éther…

Dans une profonde humilité, recherche, sincérité dans le "simulacre" même que tu revendiques.

Dans cette œuvre où tu t'effaces en transparence, sans cesse nous "bluffant", dans cette recherche du beau, du vrai, du bien, de l'art...

Frédérique DESSHAYS

 Le 8 Octobre 1999