« Où pousse l’ombre…»

 

 

 

est le titre volontairement énigmatique de ma dernière série de sculptures.

ll vous propose, de fait, une double lecture (une de plus).

 

Je commencerai par la plus consensuelle.Celle qui m’intéresse le moins.

En terme d’analyse Jungienne l’ombre est cette partie de nous même que nous ne reconnaissons pas. Celle de nos mauvais penchants, qui nous entraîne à commettre les pires erreurs.

Notre coté Dark Wador en quelque sorte !

 

Cette ombre là est au centre de tout travail artistique, la spirale telle que la  décrivait RIMBAUD et malheur à celui (ou celle) qui ne l’intégrerait pas…

Dans ce cas précis je n’essaierai pas de vous faire croire que j’ai fait le tour de la mienne. J’ai déjà pas mal d’heures de vol au compteur et je fais avec.

 

Je préfère vous proposer une vision de l’ombre plus poétique.

Peut être plus positive…Elle pousse…, au sens végétal.

En effet dans notre culture européenne elle est généralement associée à des notions peu sympathiques ; «faire de l’ombre à quelqu’un», «avoir un caractère ombrageux», emprisonner un individu c’est le «mettre à l’ombre» etc., je vous laisse compléter la liste.

Ici elle pousse… Elle possède une vie propre.

 

Comme l’herbe tendre, elle pousse, sans bruits, sans heurts.

Elle fait son petit bonhomme de chemin.

Elle nous apporte sa fraîcheur, sa candeur, au détour d’une halte.

Pour en apprécier les bienfaits il faut s’arrêter.

Un rien contemplatif…

Des détails écrasés par les éclats caracolants d’un certain astre à l’ego anxieux peuvent enfin naître à notre attention. La vitesse même de nos appétits à émettre une opinion, une sentence parfois s’en voit ralentie.

Avec ce travail et la façon dont je le montre ici je sollicite,humblement, un peu de votre patience.

Laissez venir les choses, monter les émotions...

 

-Interlude 1-

Les 55 disques de bois de tilleul de cette série m’ont porté, dans ma démarche, pendant presque 6 ans. Réclamant une grande part de mon énergie, malmenant ma patience ils ne m’ont permis que de rares détours, se nourrissant de toute  nouvelle expérience. Ainsi les sculptures réalisées pour «Les Demains du Baroque» à la galerie du Larith à Chambery en 2006 m’amenèrent à considérer mon travail sous un angle nouveau.

Ce que je considérais comme intransigemment abouti n’avait-il pas finalement tendance à revêtir les oripeaux du décoratif ?

Il me fallait enfoncer le clou encore un peu plus profondément.

Conférer à ces disques une dimension «précieuse».

Non pas dans son acceptation mondaine mais plutôt dans le sens de l’orfèvrerie.

En faire, sans aucun doute possible, des objets d’exception, quasi-mystiques, à l’instar des disques Bi (instruments de prière et de divination dans la chine antique).

Y suis-je –parvenu ?

 

-Retour au thème-

L’ombre se nourrit de lumière c’est certain. Qu’elle en soit le parent pauvre n’est pas aussi évident. Reportez vous aux peintures des maîtres flamands du 17 me siècle.N’est ce pas la qualité de l’ombre qui donne à l’image tout son modelé, exhortant la lumière à se faire sereine ?

 

-Interlude 2-

Au fait, si j’ai choisi la forme ronde c’est pour son extrême

complexité à se laisser apprivoiser. Le cercle est pour moi, l’image la plus pleine-dense-équilibrée, une idée même de la perfection. Complètement fermée elle évolue pour son propre compte et s’y aventurer n’est pas une mince histoire.
La notion «d’ombre» m’a semblé un moyen d’approche pertinent

et permis d’y confronter ma sensibilité. Ainsi ne cherchez pas dans ces disques une matérialisation plastique littérale des propos précédents. Je ne vous propose là qu’une grille de lecture. Il y a certainement bien d’autres sésames tout aussi intéressants.

 

Et si le rapport avec le ying / yang vous semble inéluctable, prenez le en dose homéopathique. Je n’ai quasiment aucune culture dans ce monde là et que peu d’attraits.

Je ne suis pas un mec Zen.

 

-Conclusion-

«Où pousse l’ombre…» n’est pas une interrogation. C’est une invitation… à découvrir  un lieu. Fait de lumières multiples, aux illuminations particulières, où chacun  peut tracer son propre chemin.

 





Et puisqu’il faut fermer la boucle, bouclons là.